« Est-ce que Dieu existe, et si oui, est-il au courant que j’existe ? »
Aurore
Sur la couverture, une grande bringue aux membres emmêlés tient un carnet ouvert, dont on suppose qu’il s’agit du journal évoqué dans le titre. Je crois que c’est le jaune des murs de la chambre associé aux imprimés totalement inassortis qui m’a fait choisir cette BD dans le secteur Jeunesse de la bibliothèque.
Si je prends le temps d’écrire et de diffuser une petite chronique positive sur ce bouquin, c’est parce que j’ai été très frustrée de ne pas pouvoir le lire d’une traite, et qu’il m’a fait rire aux éclats à plusieurs reprises : deux manifestations d’un plaisir que j’ai bien envie de partager. Après ces 140 pages à plein régime, j’ai quitté avec regret cette Aurore en proie aux tourments de l’adolescence.
Comment Agnès Maupré et Marie Desplechin réussissent-elles à rendre attendrissant et drôle un personnage casse-pied plongé dans la période la plus pénible de sa vie ? Grâce à un joli mélange : la fraîcheur et l’honnêteté avec laquelle elles convoquent des souvenirs ou des observations, mixée avec le recul qu’elles ont maintenant sur l’adolescence. Et puis leurs styles, réjouissants à leur façon ! Les mots coulent sans complexe dans le carnet d’Aurore, et les considérations philosophiques côtoient les atermoiements égocentriques : “pourquoi suis-je nulle et moche ? pourquoi l’ombre à paupières de Jessica me transforme en Marilyn Manson ? Pourquoi ce type s’appelle Marceau? Est-ce que Dieu existe et, si oui, est-il au courant que j’existe ?”. Quant au dessin d’Agnès Maupré, il apporte lui aussi sa dose de comique, faisant d’Aurore un clown maladroit et touchant. L’entourage du personnage principal ne doit pas être oublié : dans sa famille ou parmi ses amis, il y a toujours quelqu’un pour la recadrer, l’encourager, en un mot pour la sauver ! Avoir de l’humour et être bien entouré·e, voici une BD chaleureuse qui rappelle des principes salvateurs !
Le Journal d’Aurore, T1, Jamais contente, toujours fâchée, de Marie Desplechin et Agnès Maupré. Publié en juin 2016 aux éditions Rue de Sèvre. 128 pages. 15€. Plus d’infos sur le site de l’éditeur.